3. DE ORURO A UYUNI (Bolivie)
A. D'Oruro à Uyuni / B. Anniversaire et Salar d'Uyuni / C. Parcours
A. De Oruro au Salar (15 au 23 juin)
Après quelques petits soucis de santé des filles (diarrhées, vomissements, fièvre, …) qui nous ont retenus plus longtemps que prévu à La Paz puis à Oruro, nous sommes partis le 15 juin depuis Oruro à vélo.
D’Oruro nous nous sommes dirigés vers l’ouest du Lac Popoo pour éviter la grosse route sur la rive Est. L’office du tourisme nous avait indiqué les villages où l’on trouverait des hôtels … et ce que l’on peut dire c’est qu’ils n’ont pas souvent dû y aller !
Au départ du parcours, nous avons longé le lac Uru Uru, où l’on a pu admirer des centaines de flamants roses au milieu des déchets et sacs plastiques éparpillés partout. Cette première partie de route était plate, goudronnée, avec des voitures assez régulièrement, et finalement sans grand intérêt mais facile. Nous savions qu’au village de Toledo il y avait un hôtel pour passer la nuit ; on a eu du mal à trouver ces deux pièces très basiques dans la cour d’une maison individuelle. Mais on y a bien dormi et cela ne coutait pas grand-chose (12 euros pour les 2 chambres). Il y avait la douche chaude chez la propriétaire mais seule Corinne en a profité car tout le monde s’était déjà douché la veille (…). Le lendemain, nous avions comme objectif de faire 27 km le matin jusqu’à l’intersection (avant Corques) puis de faire du stop pour nous avancer l’après-midi. A 13h30, après un Almuerzo (repas du midi) très basique sur la route, nous nous sommes posés à l’intersection. Mais sur cette bifurcation les voitures étaient très rares et encore plus rares les véhicules qui avaient la place de charger tout notre bazar. Nous étions en face du poste de police, et les policiers, assez peu occupés dans cet endroit paumé (genre Texas Café), nous aidaient à discuter avec les chauffeurs.
Lago Uru Uru à la sortie d'Oruro
' "Hotel" et rue de Toledo
A 15h toujours rien ; nous commencions à nous chamailler sur ce que nous allions faire après, quand enfin une vieille voiture avec trois places devant et un espace pour le bétail derrière s’est arrêtée. Et c’était parti pour 75 km où les trois ‘filles’ sont allées dans le fourgon à bétail. Arrivés au village d’Avorea (entre Corques et Orinoca) notre chauffeur nous descend de la voiture, nous lui demandons où se trouve l’hôtel (indiqué par l’office du tourisme). Pas d’hôtel mais il nous propose une petite pièce chez lui. En fait c’est chez ses parents, le père est en train de trier les patates, la mère en train de préparer le repas (quinoa et lama grillé que nous gouttons), et le très vieux grand père est assis à attendre (…) ; il y a aussi un garçon de 6 ans. Les filles et FX sont allés aider à trier les patates. L’endroit est typique d’un habitat de village, il s’agit d’un habitat traditionnel en briques terre avec plusieurs petites pièces autour de la cour, un toit en tôle (qui remplace peu à peu la paille) et un point d’eau dans la cour. A 17h30 ils nous disent qu’ils doivent tous partir 2H pour étaler les patates et faire le churno qui peut se garder 5 ans. Nous demandons à venir avec eux pour les aider et voir. Ok. On reprend tous le fourgon assis derrière sur les sacs de patates pour aller à 3 / 4 km dans un champ. Là le père vide les sacs de patates par variété et puis nous les étalons afin qu’elles ne se touchent pas. C’est assez long et le froid arrive. Les filles aident mais le garçon de 6 ans veut absolument qu’elles jouent au ballon. Elles ne sont pas motivées, mais on leur explique que lorsque l’on est chez les gens il faut faire des efforts. Les patates sont ensuite arrosées avec pour objectif qu’elles gèlent. A priori c’est pour mieux les conserver. Une femme dort sur place pour surveiller que les lamas et vigognes ne viennent pas manger ce festin !
Soirée Patates chez l'habitant
Le lendemain nous reprenons la route. Cette route est très peu empruntée par les voitures (2 par heure), elle est goudronnée, plate et il y a beaucoup de lamas et des vigognes. Un vrai plaisir. Les Lamas sont des animaux domestiques utilisés pour leur viande et leur laine ; les vigognes sont sauvages et protégées. Au loin on aperçoit le lac Popoo. Pour le soir nous visons le village d’Ornica, village d’origine du président actuel Evo MORALES et dans lequel un « musée du président » gigantesque a été construit. Lorsque l’on arrive on nous indique où est le musée (difficile à rater par ailleurs) et qu’il faut y aller. Mais évidemment cela ne nous intéresse pas. Ce que l’on veut c’est un hôtel pour dormir au chaud sur un matelas et prendre une douche, on en trouve un mais il a l’air très bruyant et cela ne nous plait pas. La nuit approche et on doit trouver une solution pour la nuit. On peut planter la tente mais avec le froid il faut absolument trouver un endroit abrité. A la sortie du village des maisons de terres sans toit ; comme on en trouve un peu partout dans la campagne. FX va voir les maisons habitées à coté et demande si on peut mettre la tente dedans. Pas de problème. Il faut juste pousser les peaux de lamas qui sèchent et des sacs de patates ; la tente rentre pile poil. Les filles profitent du site sympa avec la colline et les cactus. On passe une bonne nuit et la maison nous abrite bien du gel. Le lendemain les gens viennent nous offrir patates et viande pour notre pose du midi.
Vigognes
On reprend la route tranquille jusqu’au village suivant où nous trouvons un petit ‘hotel’. Il faut négocier longuement avec la propriétaire pour qu’elle nous ouvre le robinet d’eau de la cour ; pour au moins faire une petite lessive et un brin de toilette rapide (on se fait chauffer un peu d’eau). Le lendemain nous prenons une piste de 10 km pour éviter 30 km de goudron, les filles ne sont pas enchantées car il y a un peu de sable et de tole ondulée. Mais le paysage est beau avec ses vigognes et ces lamas et on commence à a apercevoir le volcan Tunapa (5400 m), notre destination à l’entrée du Salar d’Uyuni.
Nous savons que pour les deux prochaines nuits nous n’aurons pas d’hôtel car les villages sont minuscules. Et les températures nocturnes étant largement en dessous de zéro depuis Oruro, pour la nuit on ne peut pas mettre la tente en pleine campagne. C’est bien dommage car c’est très beau et il y aurait de quoi se faire de superbes bivouacs. Mais on doit trouver une pièce au chaud ou un abri du vent. Nous déjeunons le midi en bordure d’un immense cratère de météorite.
Vers 16h nous recherchons une maison de terre abandonnée (sans toit) pour y planter la tente. On arrive à un hameau où il y en a plusieurs. La voisine que nous interrogeons sur la possibilité d’y mettre notre tente, nous indique que c’est nettement mieux dans le village un kilomètre plus loin … quelle hospitalité ! Donc un kilomètre plus loin nous nous dirigeons vers le centre du petit village et nous trouvons le chef du village à qui nous demandons où nous pouvons nous installer. Il passe un coup de fil et finalement il nous propose la salle des fêtes, dans laquelle il y a même un matelas. La salle des fêtes est à côté de l’école et à 17h l’école se termine. Tous les enfants viennent nous entourer. Ils sont surtout intéressés par les filles, mais celles-ci ne parlent pas espagnol et sont un peu intimidées. Corinne fait la conversation à tout ce petit monde, leur chante la marseillaise, mais ils ne sont pas non plus très causants. Finalement les filles sont laissées avec tous ces enfants et finissent par jouer au basket avec trois filles de leur âge. Nous visitons les classes, nous discutons avec les 3 enseignants et le maire du village. Il y a trois classes pour des enfants allants de 3 ans à 14 ans. Il y a peu d’élèves dans chacune des classes (max 20) mais beaucoup de niveaux. Nous demandons aux enfants s’ils connaissent la France, l’Europe, l’Espagne… mais ils ne connaissent rien de tout cela, même les plus grands. Ce qui est étonnant c’est que sur le tableau des plus grands, ils avaient un cours sur la conquête espagnole ! Lorsque nous mangeons dans la salle des fêtes, les enfants s’accrochent aux fenêtres pour nous observer. Heureusement nous avons installé notre chambre à coucher dans une petite salle en retrait.
Ecole et salle communale de "Villa Esperanza"
De nombreux Lamas
Cratère de météorite de Jayu Kuta
Le jour suivant nous continuons sur cette route tranquille. Dans l’après-midi nous recherchons un site pour mettre la tente. Nous apercevons au loin dans le champ plusieurs maisons de terre abandonnée. Avant d’y arriver il y a une petite ferme et un jeune devant. Nous lui demandons si nous pouvons y mettre notre tente, il nous indique que ces maisons sont fermées, qu’il fait très froid et qu’il vaut mieux aller à la ville de Salinas située 30 km plus loin. Lui-même de reste pas. Nous allons tout de même voir ces maisons, elles sont ouvertes mais il est difficile d’y mettre une tente. Nous optons pour un parc à lamas attenant à une de ces maisons et visiblement plus occupé (les lamas y sont parqués les nuits). Comme on sait que la nuit va être très froide on protège la tente avec des pierres et on se fait un petit feu le soir puis le matin. Les filles adorent. Le matin lorsque nous nous réveillons, les sacs de couchage sont couverts de givre. Mais comme ce sont de très bons duvets et que l’on s’est bien couvert, nous n’avons pas eu trop froid.
Bivouac givré
Le lendemain nous arrivons au village de Salinas où nous trouvons un hôtel bien sympathique, l’éco auberge Sukarani (de catégorie moyenne). Nous nous y posons 2 jours pour prendre des douches (enfin), nous ressourcer, faire une révision des vélos et se poser pour les devoirs. Nous sommes le 22 juin et Charlotte a donné RV à son prof principal et à sa classe pour faire un skype. Mais ce n’est pas si simple car il n’y a pas de Wifi et pas d’internet café dans ce village. Nous réussissons à faire que le maire nous prête son ordinateur et son modem. Nous passons une heure pour enfin réussir à aller sur Skype. Mais le prof de Charlotte n’a visiblement pas réussi à nous joindre et nous n’arrivons pas à le joindre non plus.
Nous devons ensuite aller à Tahua, village à l’entrée du Salar. Ce village est situé à 30 km de Salinas par une piste. Des cyclos rencontrés nous ont indiqué que la piste n’était vraiment pas terrible avec sable, cailloux, montées, etc… Donc nous choisissons de trouver une voiture pour nous y amener. Pas facile et nous devons débourser plus que prévu (200 BOB), mais au moins pas de galères avec les filles sur la piste. Par contre un mal de dos avec cette vieille voiture sans amortisseurs.
B. Anniversaire et Salar d'Uyuni (23 au 26 juin)
Arrivés à Tahua -village aux portes du Salar-, nous avons recherché un alojamiento (hotel premier prix), mais ils étaient tous complets car il y avait la –super- fête du village. Nous avons finalement opté pour un hôtel de catégorie supérieure, l’ex-Mongoes, où nous avons été merveilleusement accueillis par Sylvia, bolivienne parlant très bien français. Etape bien sympathique et confortable, avec un petit déjeuner royal. Nous y étions le matin du 24 juin et Sylvia a fait un gâteau d’anniversaire à Charlotte et lui a offert un petit cadeau (avec un jour d’avance). Vraiment adorable. Le seul hic c’était la fête du village ; une partie de la nuit il y a eu une fanfare avec tambours et autres instruments qui a circulé dans les rues du village. C’est comme cela qu’ils font la fête … ils font du bruit toute la nuit et ils boivent de la bière. Le matin ils ne marchent pas droit mais ils repartent en courant rejoindre leur fanfare.
Nous sommes donc partis sur le Salar direction l’Ile aux Cactus « Incahuasi », 42 km sur ce désert de sel blanc. Nous n’avons croisé que 2 voitures. Nous avons pris notre temps pour faire des photos et pour profiter de cette étendue un peu magique. Malheureusement ce premier jour il faisait très froid et nous avions le vent de face. Nous sommes arrivés sur l’Ile au Cactus en milieu d’après-midi, et là il y avait une quarantaine de 4X4 de touristes qui venaient prendre des photos. Heureusement à 19h, il ne reste plus que la dizaine d’habitants du village et les touristes à pied ou à vélo qui peuvent dormir sur l’Ile, soit chez Alfredo (‘le plus ancien habitant du village’) soit dans une salle communale. On nous a proposé la salle communale, nous avions un peu peur de se retrouver avec d’autres personnes et cela ne nous enchantait moyen de dormir sur le sol. Mais finalement on nous a fourni 2 matelas et on était tout seul. Donc on s’est aménagé notre espace et on a passé une très bonne nuit. Et cela tombait bien car le lendemain c’était l’anniversaire de Charlotte ! A 6H on a été réveillés par les phares de 4X4 qui venaient voir le lever de soleil.
12 ans sur le Salar
Pour son anniversaire on a offert à Charlotte un foulard et un cadeau très original, 77 km de vélo sur le Salar… Donc journée un peu difficile car nous n’avions jamais fait autant de kilomètres. Et même si c’était tout plat cela n’est pas rigolo de rouler pour rouler. D’habitude on prend le temps avant de partir, on s’arrête régulièrement, on se fait une bonne pose le midi et surtout on s’arrête maximum à 16h pour avoir un peu de temps après. Mais là nous n’avions pas trop le choix car nous ne voulions pas planter la tente au milieu du Salar, trop froid et a priori pas toujours très sûr (trafic de voiture la nuit et risque de collision avec la tente). Nous avons donc roulé, roulé, roulé. Cette fois-ci on a croisé pleins de 4X4. FX portait les sacoches de Charlotte et tirait les filles avec une corde à tour de rôle. Une partie du trajet était assez désagréable avec pleins de trous. Nous sommes finalement arrivés au village en bord de Salar (Colchani) vers 17h30 et nous nous sommes posés dans un alojamiento de sel !
Le lendemain, petite journée de vélo de 23 km pour rejoindre Uyuni, route goudronnée plate avec le vent dans le dos. A Uyuni on s’est fait plaisir avec un superbe hôtel (Les Jardines de Uyuni) pour marquer la moitié du voyage et l’anniversaire de Charlotte. Malheureusement Charlotte a à peine profiter du petit déjeuner buffet car elle n’était pas en grande forme.
L'ile aux cactus